Michel de Montaigne est surtout connu pour ses Essais – célèbre ouvrage philosophique toujours étudié par les lycéens. Outil d’introspection, les Essais sont l’œuvre d’un homme soucieux se livrant à un profond retour sur soi, il se dépeint lui-même, et à travers lui, toute la condition humaine.

Montaigne de, Michel, Les Essais de Michel Seigneur de Montaigne, Musée d'Aquitaine, Bordeaux, inv.: L 14282

Montaigne de, Michel, Les Essais de Michel Seigneur de Montaigne, Musée d’Aquitaine, Bordeaux, n° inventaire : L 14282

 

L’adresse aux lecteurs

Dans la courte introduction qu’il adresse au lecteur, Montaigne nous dit :

« C’est ici un Livre de bonne foi, lecteur. Il t’avertit dès l’entrée, que je ne m’y suis proposé aucune fin, que domestique et privée : je n’y ay eu nulle considération de ton service, ni de ma gloire : mes forces ne sont pas capables d’un tel dessein. Je l’ay voué à la commodité particulière de mes parents et amis. »

Le philosophe restreint ainsi l’ouvrage à un simple portrait de soi pour sa famille, mais s’empresse toutefois d’envoyer l’œuvre au Roi une fois terminée ! Et, selon La Croix du Maine, le roi lui en dit grand bien ! La réputation de son livre dépasse alors les modestes espérances et le cercle étroit des « parents et amis » que Montaigne annonce lorsqu’il rédige cette adresse, publiée dans la première et seconde édition des Essais.

 

La rédaction des Essais en étapes

L’écriture des Essais, commencée en 1572, prend près de vingt ans ! On imagine alors Montaigne retiré dans sa librairie, pour y rédiger l’œuvre qui fera de lui l’un des plus célèbres philosophes français. Ce serait cependant une erreur de penser que Michel de Montaigne vit alors isolé du monde dans sa tour d’ivoire…

Montaigne est le fils aîné d’une famille de riches négociants anoblis en 1519 et d’un père maire de Bordeaux en 1544, avant de le devenir à son tour en 1581. En 1570, alors magistrat au Parlement de Bordeaux, Montaigne, freiné par les conflits locaux au début des guerres de religion, ne parvient pas à accéder à de meilleures fonctions. Il prend alors la décision de se retirer de son poste et quitte sa charge. Il s’installe à Montaigne, dans le domaine dont il a hérité, et peut désormais se consacrer à ce qui lui plait le plus, la lecture et l’écriture.

C’est en 1580 qu’est publiée la première édition des Essais (Bordeaux, Simon Millanges) contenant les livres I et II. Appliqué à retoucher ses écrits, Montaigne publie une seconde édition augmentée en 1582. En 1588, nourri de son grand voyage en Europe et entamant alors sa seconde retraite – entrecoupée d’une période à la tête de la ville de Bordeaux – est publiée, de son vivant, la dernière édition des Essais (Paris, Abel l’Angelier) contenant pour la première fois le livre III.

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Cliquez sur l’image et retrouvez toute la chronologie des publications des Essais.

 

L’exemplaire de Bordeaux

Exemplaire de Bordeaux, page de La Boétie, Bibliothèque Mériadeck, mairie de Bordeaux

Exemplaire de Bordeaux, page de La Boétie, Bibliothèque de Bordeaux

C’est à la fin de sa vie qu’il reprend pour la dernière fois cet ouvrage, accompagné dans sa tâche par sa « fille d’alliance », Marie de Gournay.

Il modifie considérablement le livre III des Essais en annotant abondamment le texte sur les marges et dans le corps du texte. Cet exemplaire annoté, conservé à la Bibliothèque Mériadeck de Bordeaux, constitue un document unique et inestimable.

On y retrouve toutes les annotations de sa main, ce qu’il appelait « les allongeails ». En 2014, la Bibliothèque nationale de France numérise cet exemplaire, le détail de son parcours est à retrouver ici !

Lorsqu’il meurt en septembre 1589, l’exemplaire annoté est donné par son épouse, Françoise de la Chassaigne, et sa fille, Léonor, au couvent des Feuillants. Il est retrouvé en 1772. Marie de Gournay publie ensuite plusieurs éditions posthumes en y ajoutant l’ensemble des retouches de Montaigne.

 

Sources :

Commentaires

  1. Michel Favard

    Bonjour,
    Ce commentaire pour vous signaler une coquille temporelle au début de cet article: « toujours étudié par les lycéens un demi-siècle plus tard ».
    Cela fait un peu court depuis 1598!
    Bonne journée à vous.
    Amicalement,

    Michel Favard
    Grignols
    Dordogne

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