Montaigne éponyme se rencontre au coin des rues, une renommée qu’il n’aurait sans doute pas imaginée. De la grande avenue parisienne à la petite rue caudéranaise, le nom de Montaigne baptise les voies, mais aussi les institutions : l’Université Bordeaux Montaigne bien sûr, et – parce que son histoire transcende les époques pour s’attacher au lieu, le lycée Michel Montaigne.

D’aucuns ayant usé leurs culottes sur ses bancs diront que c’est LE lycée de Bordeaux. Son histoire remonte au début du XIXe siècle. Le lycée se situe alors dans les bâtiments de deux anciens couvents du XVIIe siècle ( Les Feuillants et les Visitandines, à l’angle des cours Victor Hugo et Pasteur, c’est-à-dire à l’endroit du musée d’Aquitaine !) dans le quartier étudiant de Bordeaux, le collège de Guyenne n’étant pas loin. L’ancien couvent des Feuillants où a été inhumé Montaigne, est délimité à l’époque par trois rues : la rue Saint-Antoine, aujourd’hui disparue, la rue des Ayres où l’on « bat encore le pavé » et… la rue Montaigne, rebaptisée depuis Paul Bert.

Tour à tour collège royal, lycée national, puis lycée républicain en 1848 ou encore impérial, il reçoit des élèves toujours plus nombreux qui l’obligent à déménager dans le courant des années 1870-80.

Il prend alors son ancrage actuel, à l’angle du cours Victor Hugo et de la rue du Mirail, en investissant les locaux de l’ancien collège jésuite de la Madeleine. Les travaux sont réalisés à partir de 1877 sous la conduite de l’architecte Charles Burguet. L’ancienne façade du XVIIe siècle est restaurée, des médaillons viennent enrichir à cette occasion son ornementation. Au-dessus des portes latérales, des portraits d’illustres : Lavoisier, Pascal, Ampère et Cuvier à droite; Montaigne, Descartes, Molière et Montesquieu à gauche, lui donnent ses lettres de noblesse. Le lycée national poursuit ainsi son agrandissement jusqu’en 1901.

Devenu lycée hors classe par décret du 26 août 1913, comme à Lyon et à Marseille, il est peu de temps après aménagé en hôpital militaire lors de la Première Guerre mondiale. Ce n’est qu’en 1934 qu’il prend le nom de Michel Montaigne, par décret présidentiel.


Le lycée sera en partie occupé par les Allemands sous Vichy. Une plaque sur sa façade commémore l’exécution des jeunes résistants, dont 9 lycéens de Montaigne, tués par une milice à la ferme de Richemont dans les Landes, ferme qui donne aujourd’hui son nom à la place du marché située en face du lycée.

Le lycée reprendra à la fois possession de lieux et le cours normal de ses activités en novembre 1944.

 

Côté architecture, il faut dire qu’au classicisme de la façade principale se marie un aménagement fonctionnel contemporain : toute la distribution intérieure en a été modifiée. Un nouveau bâtiment central est relié aux annexes du Mirail par une passerelle aérienne et moderne que tous les lycéens empruntent pour rejoindre des salles de classe beaucoup plus « historiques ». Des logements sont également aménagés pour accueillir les internes. Enfin, le lycée a désormais une façade et une entrée donnant sur la rue Sainte-Catherine : sous la conduite de l’architecte Michel Petuaud Létang, la construction du bâtiment le Gallia constitue sans doute l’ajout le plus audacieux. Il est aussi le pivot de l’emploi du temps des lycéens avec ses salles de cours, de conférences, son centre de documentation, et les fameuses petites salles de colles (khôlles) des prépa…

À lire : Patrick Rödel, Michel Pétuaud Létang, lycée Montaigne, coll. la forme de Bordeaux, éditions confluences, 1997, 40 p.

 

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