Pour mener à bien la fouille archéologique du tombeau de Montaigne, une équipe de scientifiques, issues essentiellement de quatre laboratoires des universités bordelaises, Pacea, Iramat-CRP2A, Archeovision et Ausonius, a été constituée. Dans cette rubrique, nous vous présentons le CV de ces experts, qui mettent leurs connaissances et savoir-faire au service de ce projet de recherche historique.

Rencontre avec Jean-Bernard Huchet, archéoentomologiste au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris et à l’Université de Bordeaux (PACEA).

Pouvez-vous présenter votre parcours ?

Mon parcours scientifique se situe à l’interface entre les Sciences naturalistes et environnementales et les Sciences de l’Homme.

Après un cursus universitaire initial en Anthropologie biologique et Préhistoire (Master 1 & 2 / Université de Bordeaux), j’ai achevé ma formation par une thèse de doctorat en Entomologie (soutenue en 2006) dans la perspective de me spécialiser en Archéoentomologie. En 2010, j’ai été recruté au CNRS comme Ingénieur de Recherche et  suis conjointement rattaché au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris et à l’Université de Bordeaux (PACEA).

En quoi consiste votre métier ?

Je suis archéoentomologiste, ce qui signifie que j’étudie les insectes provenant de contextes archéologiques. Dans le cadre de mon master, l’étude d’un sarcophage du Xème siècle (Guillaume de Taillefer, Comte de Toulouse) contenant de très nombreux vestiges d’insectes m’a conduit à réaliser l’une des premières études en entomologie forensique en contexte archéologique et fonder une nouvelle discipline : l’Archéoentomologie funéraire. Depuis mon recrutement, ce champ disciplinaire, pour lequel je suis le seul représentant en France, a vu son arsenal heuristique s’enrichir d’un volet « ichnologique » et « taphonomique » permettant de documenter les altérations ostéologiques dues à l’action d’insectes en contexte archéologique ainsi qu’une dimension « sanitaire » des populations du passé par l’approche archéoparasitologique.

Quel est votre rôle dans la fouille archéologique du tombeau de Montaigne ?

A partir d’une série de prélèvements de matière organique dans le sarcophage, je vais spécifiquement rechercher d’éventuels vestiges d’insectes nécrophages d’intérêt forensique, c’est à dire en lien direct avec les processus de décomposition du corps. Leur étude permettra de fournir des indications sur les processus post-mortem (embaumement, durée d’exposition du corps avant inhumation, déplacement du corps…). En parallèle, dans une approche dite « paléoparasitologique », j’essayerai de mettre en évidence d’éventuels ectoparasites (puces, poux, morpions…) ayant pu infester Michel de Montaigne de son vivant.