Le monument funéraire de Michel de Montaigne est aujourd’hui exposé au musée d’Aquitaine, mais d’où vient-il, où l’homme fut-il enterré ?
Découvrez en trois épisodes l’histoire à rebondissements du cénotaphe et des cendres de Montaigne !

Des terres de Montaigne à Bordeaux

Après sa mort en 1592 et à l’instar des personnalités de l’époque, Michel de Montaigne se doit d’avoir un monument élevé en son honneur. Il est envisagé dans un premier temps de faire reposer Montaigne dans  l’église Saint-Michel de Montaigne en Dordogne, devant l’entrée du château, sur ses terres. Mais rien de tel n’a jamais été fait dans ladite église… Seul son cœur serait déposé au sein de cette église selon une note rédigée par Léonor, fille de Michel de Montaigne.

Château de Montaigne en Dordogne, 1786, Gonzales Antoine

GONZALES Antoine, le Château de Montaigne en Dordogne, 1786, plume et lavis sur papier, collection musée d’Aquitaine, inv.D.89.3.30. Photo J-M Arnaud, mairie de Bordeaux

 

De la cathédrale au couvent

Armoiries de Françoise de la Chassaigne, épouse de Michel de Montaigne

Armoiries de Françoise de la Chassaigne, provenant de l’église du couvent des Feuillants. Inv. 12 167. Photo Lysiane Gauthier, mairie de Bordeaux

Elle se heurte dans un premier temps à quelques difficultés pour trouver le lieu de la sépulture. Elle souhaite inhumer son époux dans la cathédrale Saint-André de Bordeaux, mais au même moment, l’archevêque vient d’interdire aux laïcs tout droit de sépulture dans la cathédrale. Montaigne n’étant pas clerc, sa dépouille ne peut donc y être enterrée.L’épouse du philosophe, Françoise de La Chassaigne, souhaite rapidement faire ériger un monument à la gloire de son défunt mari.

Elle se tourne alors vers le couvent des Feuillants (situé à l’actuel emplacement du musée d’Aquitaine). Les religieux étaient très appréciés de Montaigne. Françoise de la Chassaigne reçoit l’autorisation en 1593 de faire élever le cénotaphe. Cette tâche est certainement confiée aux sculpteurs ornemanistes bordelais Prieur et Guillermain, et on prend le soin de faire orner l’église d’une litre aux armes de la famille de Montaigne.

Ce transfert est provisoire : en effet, la chapelle du couvent dans laquelle fut inhumé Montaigne est détruite quelques temps après et l’on construit une nouvelle église à partir de 1604, où Madame de Montaigne prévoit d’aménager un caveau familial. Elle souhaite l’installer dans une des chapelles de l’église pour recevoir la dépouille de son mari et y installer le cénotaphe qui, jusque là, trônait devant l’autel.
C’est sans savoir que de nouvelles difficultés surviendront…

La suite à découvrir dans l’article « Les péripéties du cénotaphe – épisode II » !

Sources :
– A. Nicolaï, « L’odyssée des cendres de Montaigne », Bulletin de la Société des Amis de Montaigne, vol.15, 1949-52, p.31
– Jean-Yves Boscher, Les pérégrinations du cénotaphe et des cendres de Montaigne, tapuscrit, centre de documentation du musée d’Aquitaine.