Pour mener à bien la fouille archéologique du tombeau de Montaigne, une équipe de scientifiques, issues essentiellement de quatre laboratoires des universités bordelaises, Pacea, Iramat-CRP2A, Archeovision et Ausonius, a été constituée. Dans cette rubrique, nous vous présentons le CV de ces experts, qui mettent leurs connaissances et savoir-faire au service de ce projet de recherche historique.

Rencontre avec Michel Pernot, chercheur à l’Institut de recherche sur les Archéomatériaux (Iramat-CRP2A) 

Pouvez-vous présenter brièvement votre parcours ?
Ancien directeur de recherche au CNRS, ingénieur et docteur en physique, mes premiers travaux ont concerné la métallurgie appliquée à des problèmes industriels (mise en forme de carrosseries et d’emballages alimentaires). En 1985, j’ai déporté ma thématique vers les pratiques des métallurgistes de sociétés anciennes de l’Europe occidentale, principalement par l’étude des usages des alliages à base de cuivre, de l’âge du Bronze à la période romaine, pour produire des vases et des bijoux.

En quoi consiste votre métier ?
Pour  un objet, le fabricant doit décider de matériaux – métal (cuivre, plomb…) ou alliage (bronze, plomb-étain…) – de procédés de formage – fonderie ou déformation – de techniques d’assemblage et de décoration. La science des matériaux d’aujourd’hui (microscopies, techniques d’analyse…) permet de restituer ces choix. Au-delà des techniques, la fouille des vestiges de lieux de travail donne accès à l’organisation spatiale et sociale des ateliers. Ainsi est approchée la pensée des artisans.

Quel est votre rôle dans la fouille archéologique du tombeau de Montaigne ?
Le plomb a été employé pour réaliser un tube au 19e siècle ; ce même matériau a servi (peut-être dès le décès ?) à réaliser un sarcophage pour contenir le corps. Qualifié de « métal vil », les techniques de sa mise en oeuvre ont peu été étudiées. Fondant à basse température, il a souvent disparu car il est facile à recycler ; la fouille entreprise est ainsi l’occasion de documenter l’usage du plomb à la période Moderne. Matériau de second rôle, il est pourtant omniprésent depuis l’âge du Bronze.