Une nouvelle opération de fouilles sur le tombeau présumé de Montaigne s’est déroulée du 14 au 21 septembre 2020. 

Les premiers résultats de cette seconde campagne sont très prometteurs car les fouilles archéologiques ont permis l’ouverture du cerceuil de plomb et la découverte des ossements.

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Un film de Pauline Coste

L’histoire de la découverte

Il y a deux ans, des observations avaient été effectuées dans le tombeau présumé de Michel de Montaigne, implanté dans les sous-sols du musée d’Aquitaine. Elles avaient permis de constater la présence, au niveau supérieur, d’un cercueil en bois avec une plaque en cuivre doré portant l’inscription « Michel de Montaigne » ainsi que, au niveau inférieur, d’un crâne.

Si l’existence de ce tombeau est attestée depuis 1886, année de la réinhumation de la dépouille du philosophe au sein de la Faculté des sciences et lettres de Bordeaux (aujourd’hui, le musée d’Aquitaine), de nombreux doutes subsistent quant à l’identification de cette dépouille. En effet, les restes de Michel de Montaigne ont connu au fil des siècles d’importants déplacements, en raison des multiples évolutions architecturales qu’a connu le couvent des Feuillants, où Montaigne fut inhumé initialement, remplacé successivement par le Lycée de Bordeaux puis la Faculté des sciences et lettres.

Plusieurs questions se sont ainsi posées : est-ce que le cercueil qui se trouve dans les sous-sols du musée d’Aquitaine abrite bien les restes de Michel de Montaigne ? À qui appartient le crâne placé dans la partie inférieure du tombeau ? Quelle est l’histoire de ce monument et des restes qu’il contient ?

Une première fouille archéologique programmée a eu lieu en novembre 2019

Un comité scientifique, constitué d’historiens, d’archéo-anthropologues et d’une paléogénéticienne, a été mis en place afin de superviser ce projet de recherche. Une demande de fouille archéologique programmée a été ensuite déposée auprès du service régional d’archéologie (SRA) de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) Nouvelle-Aquitaine.
Après examen du dossier, et avis favorable de la Commission Territoriale de Recherches Archéologiques, la préfecture de région (DRAC- service régional de l’archéologie) a donné son accord pour l’ouverture et l’étude du tombeau.

Revoir les images de la première opération archéologique

Une seconde campagne de fouille archéologique programmée en septembre 2020 dans les sous-sols du musée d’Aquitaine

Cette opération a permis de procéder à l’ouverture du contenant en plomb dans lequel se trouverait la dépouille de Michel de Montaigne et du cylindre en plomb qui accompagnait le cercueil. Cette opération est pilotée par Hélène Réveillas, archéo-anthropologue au Centre Archéologie Préventive (CAP) de Bordeaux Métropole et rattachée au laboratoire PACEA (UMR 5199 CNRS, Université de Bordeaux), accompagnée d’une vingtaine de spécialistes.

Parallèlement aux fouilles, l’historien Laurent Coste a engagé des recherches généalogiques sur la descendance de Michel Montaigne, dans la perspective de comparer des ADN.

Ces fouilles s’accompagnent aussi d’une étude historique, qui amène à retracer l’histoire de Montaigne et des lieux qui lui sont liés : Que connaît-on du couvent des Feuillants – autrefois à l’emplacement de l’actuel musée d’Aquitaine – et de sa chapelle Saint-Bernard, dans laquelle le philosophe était inhumé ? Pourquoi ce dernier a-t-il été inhumé précisément à cet endroit-là ? Quelles sont les causes de l’incendie de la chapelle en 1871, qui a amené à déplacer les restes humains qu’elle contenait jusqu’au cimetière de la Chartreuse à Bordeaux ? Est-ce que le tombeau que nous connaissons aujourd’hui, réalisé par l’architecte Charles Durand, en 1886, pour accueillir les restes de Montaigne dans la toute nouvelle faculté des sciences et lettres (aujourd’hui, le musée d’Aquitaine), abrite bien le corps de Michel de Montaigne ?

De nombreuses questions auxquelles l’étude archéologique tombeau apportera bientôt son lot de réponses.