C’est à la toute fin du XVIe siècle que le cénotaphe a été réalisé, à la demande de la veuve de Montaigne, Françoise de la Chassaigne. Le monument a traversé les siècles et peut, à présent, être admiré au musée d’Aquitaine. Néanmoins, ses quatre cents ans d’existence n’ont pas été des plus paisibles ! Abîmé par le temps, il a du être restauré à de nombreuses reprises. Ces restaurations, plus ou moins bien réalisées, ont porté préjudice au monument, ce qui conduit le musée d’Aquitaine à organiser actuellement une nouvelle restauration afin de rendre au cénotaphe toute sa splendeur originelle.

icono-4-jules-alphonse-terpereau-tombeau-de-montaigne-faculte-des-sciences-et-des-lettres-de-bordeaux-copie

Jules-Alphonse Terpereau, tombeau de Montaigne à la Faculté des Sciences et des Lettres de Bordeaux (actuel musée d’Aquitaine)

Les premières retouches

Cénotaphe de Montaigne, détail, médaillon, musée d'Aquitaine

Cénotaphe de Montaigne, détail, médaillon, musée d’Aquitaine

Une première restauration a lieu en 1803, commanditée par le neveu de Montaigne, Joseph de Montaigne. La sépulture se trouve alors au musée de la Société des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux, déplacé de son emplacement initial au couvent des Feuillants, en travaux à ce moment-là.  Au musée depuis dix ans, les rumeurs semblent dire que le corps conservé n’est pas celui de Montaigne ! En apprenant cette erreur, le neveu de Montaigne, demande à la ville de réparer cette négligence et d’honorer la mémoire de son défunt oncle. C’est ainsi que le corps et le cénotaphe retrouvent leur place d’origine. A cette occasion, Joseph de Montaigne fait restaurer le monument et y fait ajouter un médaillon pour témoigner de son intervention.

 

Le cénotaphe au lycée : une succession de restaurations

Cénotaphe de Montaigne.

Une des têtes de mort ailées ornant le cénotaphe de Montaigne. Photo : Léo Fiévet, mairie de Bordeaux

C’est en 1835, quelques années plus tard, que des travaux de restauration sont à nouveau entrepris. Le cénotaphe, alors entreposé au couvent des Feuillants, devenu lycée, a subi diverses dégradations. La chapelle Saint Bernard, où était entreposé le monument, a été restaurée au début du XIXe siècle. La présence des échafaudages lors des travaux, placés à proximité du cénotaphe, l’ont abîmé. On impute également l’usure de la pierre aux lycéens, alors en contact avec le cénotaphe.

Le 30 mai 1871 un incendie ravage la chapelle et le lycée. Les dégâts sont considérables. Le cénotaphe, lui, n’a pas subi de dommages importants mais une restauration est néanmoins entreprise. Les travaux de restaurations porteront préjudice au monument. Les malfaçons les plus évidentes concernent notamment la dentition des vanités qui ornent le cénotaphe. Aujourd’hui, ces séquelles sont toujours visibles.

archive-devis-pour-la-restauration-du-tombeau-de-montaigne-et-son-installation-dans-le-grand-vestibule-9-juin-1885

Devis pour la restauration du tombeau de Montaigne et son installation dans le grand vestibule, daté du 9 juin 1885. Archive du musée d’Aquitaine

En 1885 un nouveau projet de restauration décidé par la ville de Bordeaux voit le jour. Ce projet concerne la restauration du cénotaphe ainsi que son déplacement du lycée à la Faculté des Lettres et des Sciences. Un devis d’un montant de 6000 Francs a été émis pour sa restauration et son transfert ainsi que pour la création d’un caveau dans les sous-sols de la Faculté. En 1886, une restauration complète est réalisée. Elle est notamment caractérisée par l’utilisation de tirants de fer, placés au cœur du cénotaphe afin de le consolider. Pour cette restauration, un deuxième médaillon sera déposé sur le cénotaphe.

 

Les derniers changements

Une dernière restauration du cénotaphe est entreprise en 1971 à l’occasion de l’exposition « Bordeaux, 2000 ans d’Histoire ». Il est ensuite placé dans le hall de la Faculté en 1973, mais c’était sans compter un dernier changement ! En effet, lors des travaux du futur musée d’Aquitaine, le lion posé aux pieds du gisant a été dérobé. Il a fallu en créer une réplique et la replacer sur la plaque du gisant en 1982.

L’ensemble de ces restaurations et les déplacements incessants du cénotaphe ont contribué de facto à sa dégradation. C’est pourquoi, le musée d’Aquitaine décide aujourd’hui d’entamer une restauration afin d’harmoniser et donner un second souffle à ce monument, quatre fois centenaires !

le-cenotaphe-de-montaigne-ph-lysiane-gauthier-mairie-de-bx-copie

Le cénotaphe de Montaigne au musée d’Aquitaine. Photo : Lysiane Gauthier, mairie de Bordeaux

Source :

Jean-Yves Boscher, Les pérégrinations du cénotaphe et des cendres de Montaigne, tapuscrit, centre de documentation du musée d’Aquitaine.