A la suite du premier et du second épisode, découvrez ici la suite et fin des pérégrinations du cénotaphe et des cendres de Montaigne.
Michel de Montaigne retourne à la Fac !
En 1871, le cénotaphe retrouve son emplacement sur les lieux du couvent des Feuillants, dans une encoignure de l’ex-chapelle Saint-Bernard, devenu désormais le Lycée de Bordeaux.
L’ancienne église des Feuillants ravagée par un incendie, eau forte, Jules Verneilh, entre 1881 et 1885, Revue catholique de Bordeaux, Collection musée d’Aquitaine
Le cénotaphe ayant souffert de l’insouciance des ouvriers lors des travaux de réparations du sanctuaire ainsi que de quelques dégâts occasionnés par des lycéens, la famille intervient pour demander une restauration, qui sera accordée par le maire et exécutée promptement. Lorsque le 30 mai 1871 le cénotaphe de Montaigne subit l’épreuve du feu : un incendie ravage la chapelle et l’ensemble du Lycée, le tombeau y échappe miraculeusement !
Situation des Travaux de la Faculté, en mars 1883
Archives de la Ville de Bordeaux
Quelques années plus tard, le 16 juin 1879, un décret déclare la construction des Facultés de Théologie, des Sciences et des Lettres sur l’emplacement de l’ancien Lycée. Les ruines de la chapelle où se trouve le cénotaphe vont donc disparaître. La ville de Bordeaux souhaitant honorer la sépulture du philosophe, la décision est prise d’y construire un édicule reproduisant autant que possible les dispositions et l’ornementation de la chapelle.
Projet du caveau par Charles Durand, coupe des sépultures et face latérale du tombeau, Archives municipales de Bordeaux
Par conséquent, le corps fut exhumé le 28 décembre 1880. Plusieurs projets pour placer le cénotaphe et la dépouille de Montaigne dans les nouveaux murs de la faculté sont envisagés. Charles Durand, architecte municipal, propose de créer un véritable caveau au sein de la Faculté, en désirant placer le cénotaphe au centre dans le hall et construire à l’exact emplacement en dessous un caveau pour accueillir les corps de la famille de Montaigne.
Projet du caveau, vue de face avec le détail des plaques funéraires, Archives municipales de Bordeaux
Un cénotaphe en bonne place !
Le 11 mars 1886, les restes de Michel de Montaigne sont solennellement transférés à la faculté, inhumés dans le sous-sol au dessous du monument exposé au public dans le grand vestibule d’entrée, protégé d’une grille. Ainsi, de 1886 à 1987, pendant plus d’un siècle, le cénotaphe repose à la faculté, entouré dans le hall des médaillons portant les noms de grands esprits littéraires et scientifiques : Corneille, Newton, Pascal, Victor Hugo et bien d’autres…
Vue du cénotaphe dans le hall de la Faculté des Sciences et des Lettres de Bordeaux Photographie de Jules-Alphonse Terpereau
Le cénotaphe devait alors ne plus bouger, il sera déplacé pour être présenté lors de l’exposition « Bordeaux, 2000 ans d’histoire« en 1971. Il retrouve sa place dans le hall en 1982, où des voleurs profiteront des travaux pour dérober le lion situé aux pieds de Montaigne !
Puis à la suite du déménagement de la faculté sur le campus de Talence en 1971, le musée d’Aquitaine occupe sa place et ouvre ses portes le 9 janvier 1987 où le cénotaphe reste à demeure depuis lors.
Le cénotaphe de Montaigne au musée d’Aquitaine. Photo : Lysiane Gauthier, mairie de Bordeaux
Sources :
– A. Nicolaï, « L’odyssée des cendres de Montaigne », Bulletin de la Société des Amis de Montaigne, vol.15, 1949-52, p.31
– Jean-Yves Boscher, Les pérégrinations du cénotaphe et des cendres de Montaigne, tapuscrit, centre de documentation du musée d’Aquitaine.
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