La première phase de la fouille archéologique du tombeau présumé de Montaigne a eu lieu du 18 au 22 novembre 2019. Réalisée par une équipe scientifique constituée autour de l’archéoanthropologue Hélène Réveillas (Centre Archéologie Préventive de Bordeaux Métropole – UMR 5199 CNRS PACEA Université de Bordeaux), elle a permis de mettre au jour le contenu des deux niveaux du tombeau. 

De découvertes en surprises…  

De l’étage supérieur, un cercueil en chêne a été extrait, sur lequel l’inscription du nom de Montaigne, peinte en rouge, a pu notamment être constatée. Ce cercueil, en très bon état de conservation, daterait de 1880, année de l’exhumation de la dépouille du philosophe, dans le cadre de la construction du tout nouveau Palais des facultés de Bordeaux. [Pour en savoir plus sur les péripéties de la dépouille de Montaigne, consulter l’article “Pourquoi lancer une fouille sur le tombeau présumé de Montaigne ?]  

Ce cercueil en bois renfermait à son tour un contenant en plomb, lui aussi relativement bien conservé malgré une dégradation dans sa partie inférieure, qui a permis aux archéologues de constater la présence d’ossements. 

Enfin, toujours dans la partie supérieure du tombeau, un cylindre en plomb, contenant une bouteille en verre, a également été retrouvé, à côté du cercueil. A l’intérieur de cette bouteille se trouve une feuille de papier, vraisemblablement le procès-verbal de ré-inhumation de 1886, comme l’indiquent les textes conservés dans les archives de la ville. 

Au niveau inférieur du tombeau, la présence d’un crâne, d’une mandibule et de dents isolées constitue une des énigmes à résoudre par les archéologues. Ces restes osseux doivent être étudiés pour tenter de déterminer leur origine et la raison de leur présence dans cette partie du tombeau. 

        

Et ensuite ? 

Cette première semaine de fouille a permis à l’équipe scientifique d’effectuer différents prélèvements, destinés à être ensuite analysés en laboratoire : étude du bâti du tombeau, analyse paléogénétique, analyse du cercueil en bois... 

Une seconde phase doit maintenant être réalisée pour poursuivre les investigations et, en particulier, procéder à l’ouverture du contenant en plomb dans lequel se trouverait la dépouille de Montaigne. 

Mais comment être sûr, in fine, qu’il s’agisse bien du philosophe ? 

Les analyses menées dans le cadre de ces fouilles archéologiques visent, d’une part, à déterminer s’il s’agit bien du corps du philosophe et, d’autre part, à retracer le parcours de cette dépouille.  

En particulier, l’étude des restes humains retrouvés dans le tombeau permettra de disposer d’un faisceau d’indices quant à l’identité du défunt : estimation de l’âge, sexe, présence ou non de calculs rénaux (dont on sait que Montaigne souffrait), etc. Des analyses ADN seront également menées par une paléogénéticienne pour tenter de compléter les données. Parallèlement, une étude documentaire, supervisée par l’historien Laurent Coste, est en cours afin de retracer le parcours de la dépouille de Michel de Montaigne, basée sur des documents d’archives et recherches généalogiques.