Alors que les travaux de restauration du cénotaphe de Michel de Montaigne ont commencé en octobre, les équipes du musée d’Aquitaine tentent de retracer l’historique des restaurations passées et, par là, de décrire les déplacements qu’ont connus les éléments du cénotaphe.
À partir de documents tant iconographiques qu’écrits, le musée cherche à comprendre quelle a été, au fil du temps, l’organisation du monument funéraire de Montaigne. À première vue, il ne semble pas avoir subi d’importantes modifications sinon les dommages du temps et de l’histoire. Cependant, des éléments ont été déplacés. Gravures et photographies permettent de retracer certains de ces changements.
Les gantelets
Ces deux gants qui se trouvent aujourd’hui de part et d’autre du corps de Montaigne n’ont pas toujours été ainsi. En effet, les premières représentations que nous avons, datant du XIXe siècle, présentent les deux gantelets installés du même côté du corps, plus précisément au-dessus de l’épitaphe en latin. Aucun document ne nous explique pour l’instant ce positionnement mais nous pouvons le lier au fait que le cénotaphe ait été placé contre un mur, comme lorsqu’il se trouvait dans la chapelle Saint-Bernard du couvent des Feuillants. De cette façon, l’autre face n’étant pas accessible, les deux gantelets étaient bien mis en évidence et visibles. En revanche, sur des photographies datant de l’ancienne faculté, les gants se retrouvent à nouveau de chaque côté du gisant.
Le casque
Le casque qui se situe à la tête de Michel de Montaigne n’a, lui non plus, pas toujours eu cette position. Aujourd’hui la pointe du heaume est tournée en direction de la tête, pourtant dans les années 1970 celle-ci est en direction du côté de l’inscription grecque. Cette position est attestée pendant une dizaine d’années et le casque finit par retrouver sa position initiale sur une photographie de 1987.
Le lion
Installé aux pieds de Montaigne, le lion qui l’accompagne a changé plusieurs fois de sens. Sa tête était tout d’abord tournée vers l’inscription latine avant de se retrouver en direction de l’épitaphe grecque. Puis le lion va connaître une (més)aventure puisqu’il sera volé en 1982 pendant les travaux d’aménagement du futur musée d’Aquitaine. Cinq ans plus tard une réplique du lion est installée, comme à son origine, en direction de l’épitaphe latine. Mais aujourd’hui, après un dernier déplacement, le lion tourne sa tête en direction de l’épitaphe grecque… Et il en va de même pour les trophées et les épitaphes, qui visiblement ont eux aussi changé de place.
Que de retournements dans l’histoire du monument de Michel de Montaigne, à en perdre son latin! Le cénotaphe peut être vu comme un puzzle aux possibilités d’assemblage multiples, remonté au gré de la fantaisie du moment ou de la disposition des lieux. Tout ceci fait que nous ne connaissons pas encore avec certitude l’emplacement initial des éléments du cénotaphe.
Les restaurateurs, qui sont aujourd’hui les premiers témoins de ces divers changements, cernent mieux par leur travail l’historique de l’oeuvre et permettent de nous approcher de l’intention première des commanditaire et sculpteurs de l’oeuvre. Mais nous restons à la recherche de tout nouveau témoignage, permettant d’affiner et de compléter cette histoire lacunaire.
Alors, si vous avez des informations à nous communiquer ou si vous voulez suivre la restauration, n’hésitez pas à nous écrire et à partager sur Facebook, Twitter et Instagram, ainsi que sur notre livre d’or.
Attention ! Pendant quelques jours, les travaux ne permettent pas d’accueillir le public dans la salle Montaigne, nous vous tiendrons informés de sa prochaine réouverture.
Source :
Précisions et réflexions au sujet de la sépulture de Montaigne, Paul Roudié (1964)
Montaigne et le tombeau de Montaigne, Jean-Yves Boscher
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